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23 janvier 2021 - 04:00

Un intérêt pour la laine au bout du rang

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Par: Jasmine Rondeau, Initiative de journalisme local

 

Saint-François-Xavier-de-Brompton — Pendant que les toisons s’accumulent sans bouger à Carleton Place en Ontario, là où la plupart des producteurs du pays envoient leur laine de mouton pour l’exportation, France Custeau surfe sur la demande pour sa laine à tricoter produite localement, à Saint-François-Xavier-de-Brompton. Un secteur de production riche en patrimoine qu’elle souhaite voir se développer davantage au Québec grâce à son expertise acquise.

L’année a certainement eu son lot de défis pour la propriétaire des Laines Finn D’Or, dont les ventes se réalisent habituellement dans les événements et festivals spécialisés, lorsqu’une pandémie mondiale ne force pas leur annulation. « Depuis qu’on a décidé de s’y investir mon conjoint et moi, il y a cinq ans, on doublait notre chiffre d’affaires chaque année. Cette année, on peut s’imaginer que ce ne sera pas le cas », confie France Custeau.

Même si la COVID-19 a ralenti la croissance de son entreprise, Mme Custeau a tout de même été touchée par l’intérêt des acheteurs locaux qui se sont déplacés à la ferme ces derniers mois pour se procurer ses écheveaux, ses ondins ou ses balles de séchage de laine, si bien que la demande l’a forcée à mettre sur pied une boutique en ligne.

Celle-ci est loin de regretter son choix de marché, surtout considérant les difficultés que vit actuellement l’industrie mondiale du textile.

« J’y crois. On voit que c’est ce que les gens veulent et je sais qu’il y a de la place pour plus que moi. Les gens pensent souvent que la laine québécoise n’est pas douce. Mais tout dépend de la race de mouton. Chacune a ses particularités. La mienne peut être tricotée et portée », établit Mme Custeau, qui élève 200 moutons finnois spécifiquement pour la qualité de leur laine.

Celle-ci rêve d’un jour en vivre et de propager une partie de ce qu’elle a appris depuis le moment où elle et son conjoint ont fait prendre un tournant vers la laine à leur production de viande ovine.

Pour l’instant, ce sont leur culture de foin de commerce, de même que la vente d’agneaux à l’encan et d’agnelles aux éleveurs qui leur garantissent une santé financière.

Laine de porcelaine

Non, ce n’est pas un si simple changement à faire, prévient Mme Custeau. Encore moins quand on vise les plus hauts standards et que le savoir s’est lentement perdu avec la tradition. Aujourd’hui, ses dadas vont de la manière dont sont nourris les moutons, jusque dans la manipulation des fibres après la tonte, en passant par le choix de fileur.

« Je ne les élève plus de la même façon. Ils ont des bébés une seule fois par année plutôt que trois fois en deux ans, par exemple. Ça change la qualité de la laine. Je fais aussi tout pour ne pas salir la laine de mes moutons. Je mets pas de paille en la lançant dans l’enclos. Ensuite après la tonte, je fais moi-même un prétest de solidité et je trie ma toison parce que je veux le moins de végétaux possible. Elle est ensuite lavée, séchée, et culbutée dans une machine pour enlever de débris et de la poussière. »

Ses brebis viennent d’ailleurs tout juste de passer sous la cisaille, puisque le début de l’hiver est particulièrement propice à de belles récoltes de laine. Selon un horaire peaufiné à travers les années, les animaux sont également tondus au mois de mai, question de repartir à neuf pour l’été et d’éviter le frottement des fibres, « sinon, la laine se feutre et c’est fini ». La laine de mai, qui n’atteint pas les 3,5 pouces requis pour le filage, est alors elle-même feutrée et transformée en boules de séchage ou en jouets pour chats par Mme Custeau.

« Je ne jette presque rien. C’est très important pour moi. Ça arrive que j’ai des brebis qui perdent tous les bébés. Dans ces moments-là, je la trais, on consomme du yogourt et je fais des savons », dit celle qui insiste sur la responsabilité environnementale de sa production. C’est pourquoi les teintures qu’elle utilise pour colorer sa laine sont d’ailleurs exclusivement issues d’insectes ou de plantes, comme la verge d’or ou la garance, par exemple.

La laine est teinte soit avant ou après avoir été envoyée pour être cardée (peignée) et filée au Michigan. « J’aimerais pouvoir faire affaire ici, mais pour ma laine, j’avais vraiment besoin de leurs machines. J’ai essayé des filatures en Ontario et au Nouveau-Brunswick, et le produit fini n’était pas à mon goût », dit celle qui voit une solution potentielle dans la collaboration entre producteurs.

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1 réactions
  • Bravo Mme Custeau
    je vais sur votre cite
    Francine Dufort Montréal

    Francine Dufort - 2021-01-23 19:26