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2 juin 2020 - 04:00 | Mis à jour : 07:12

Planter davantage d'arbres feuillus sur les fermes devant l'incertitude climatique

Abritant une grande biodiversité, la forêt feuillue a une importance capitale pour la conservation des ressources (faune, flore, eau), les activités récréatives, la cueillette de produits forestiers non ligneux et la production de bois. Toutefois, plusieurs facteurs (déboisement, surexploitation, introduction d’insectes ravageurs et de champignons pathogènes, changements climatiques) ont mené à un appauvrissement de la diversité et de la qualité des feuillus nobles dans le sud du Québec. Si rien n’est fait, cette tendance pourrait s’alourdir dans les années à venir. Une partie de la solution se trouve certainement sur les fermes, car nombreuses sont les possibilités pour y intégrer divers feuillus nobles (bandes riveraines, coulées, haies brise-vent, boisés, friches). Plusieurs espèces bénéficient des sols fertiles et humides rencontrés en zone riveraine agricole, dont le chêne à gros fruits, le chêne bicolore, le noyer noir et le micocoulier occidental (famille de l’orme) qui produisent des noix ou des fruits comestibles. Le tilleul, une espèce mellifère, l’érable noir, le chêne des marais et le caryer cordiforme pourraient également trouver refuge en bordure des ruisseaux de ferme. Par ailleurs, les jeunes boisés dégradés et les friches arbustives constituent des environnements propices pour le chêne rouge, le chêne blanc, le tilleul et les caryers. Alors pourquoi opter pour l’épinette blanche, une espèce sensible à la chaleur et à la sécheresse, et donc, vulnérable aux changements climatiques anticipés pour le sud du Québec?

Des projets pilotes en cours avec neuf espèces de feuillus nobles

Afin d’accroître le succès de plantation, il est primordial de mieux comprendre quels sont les facteurs (climat, sol, environnement de plantation) qui influencent la survie et la croissance des différents feuillus nobles. En partenariat avec des propriétaires agricoles et forestiers, nous développons depuis 2018 un réseau de plantations avec neuf feuillus nobles (chênes blancs, rouges et à gros fruits; caryers cordiformes et ovales; noyer noir; tilleul d’Amérique; érable à sucre et micocoulier occidental). Sur chaque site, toutes les espèces sont plantées dans une prairie ou une friche herbacée et dans une trouée forestière. Les arbres sont tous protégés du cerf alors que le paillis de plastique et les gaines anti-rongeurs ne sont utilisés qu’en champ. Près de 20 sites localisés en Montérégie, en Estrie, au Centre-du-Québec et dans Chaudière- Appalaches feront partie du réseau qui couvre un vaste gradient climatique et de fertilité des sols. Sur deux fermes estriennes (Ferme Fernand et Ginette Breton à Brompton et Ferme Bovi-Suisse à Stratford), les neuf feuillus nobles seront également plantés, en 2020, le long de fossés agricoles. Dans ces bandes riveraines, des rangs de peupliers hybrides et de feuillus nobles s’alterneront à tous les 5 m, ce qui permettra à une excavatrice d’accéder aux fossés agricoles en cas de besoin. Les peupliers créeront rapidement une structure arborescente et de la biomasse tout en favorisant la croissance en hauteur des feuillus nobles.

Faciliter l’adoption des pratiques agroforestières en contexte de changements climatiques

Une bande riveraine boisée peut générer de nombreux services environnementaux (séquestration du carbone atmosphérique, réduction de la pollution diffuse, stabilisation des berges, ombrage pour les cours d’eau et le bétail, corridors fauniques, habitats pour les pollinisateurs, brise-vent, production de noix et de bois). Il est donc impératif de prioriser le boisement des zones riveraines, incluant celles des fossés agricoles, afin de créer des agroécosystèmes diversifiés, multifonctionnels et résilients face aux changements climatiques. Toutefois, sans un appui financier et technique substantiel, il sera difficile d’implanter des systèmes agroforestiers riverains à grande échelle. À cet effet, les producteurs agricoles devraient avoir un accès privilégié aux plants produits par les pépinières provinciales. Le Fonds vert du Québec ne serait-il pas le véhicule financier idéal pour appuyer tous les propriétaires agricoles?

Information : Benoit Truax, Ph. D. [email protected] ou 819 821-8377

 

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