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L’église de Saint-Claude sera démolie au cours des prochaines semaines

durée 24 octobre 2011 | 11h26

Saint-Claude (RC) – C’est dimanche, à midi, que les cloches de l’église de Saint-Claude ont sonné pour une dernière fois. Dès lors, le temple qui surplombe le cœur du village depuis plus de cent ans sera démoli au cours des prochaines semaines. La dégradation du bâtiment et les risques qu’elle présente au niveau de la sécurité a conduit le conseil municipal à cette solution.

Le maire Hervé Provencher, quatre conseillers municipaux et la directrice France Lavertu étaient présents à l’hôtel de ville jeudi, en fin d’après-midi, annoncer aux médias de la région la démolition de l’église. Pour ce qui est des citoyens, ceux-ci ont été informés progressivement durant l’automne de l’intention des élus.

« Construite en 1908, l’église est inhabitée et sans activités religieuses depuis plusieurs années. La Municipalité a dû reprendre cette bâtisse en août dernier puisque, par manque de ressources financières, le propriétaire ne pouvait donner suite à ses projets. Après analyse de la situation, la Municipalité se voit dans l’obligation de la démolir car sa structure est non-sécuritaire et pose un problème au niveau des assurances », a confirmé le maire Provencher.

Selon l’agenda prévu, les travaux de démolition seront effectués du 24 octobre au 25 novembre par l’entreprise sherbrookoise Excavation René Saint-Pierre. La Municipalité a procédé à l’embauche l’ingénieur Elphège Thibodeau à qui sera confié la surveillance du chantier dont le coût est fixé à 85 500 $ avant taxes.

Un patrimoine chancelant
En regard des dernières semaines durant lesquelles les résidants de Saint-Claude ont appris l’intention du conseil municipal d’opter pour la démolition, aucune opposition ou suggestion se sont imposées, comme ce fut le cas durant la dernière décennie alors que certaines avenues avaient été envisagées. Peu avant que la paroisse soit dissoute, à la fin de 2006, la Municipalité avait fait un sondage auprès de la population du territoire sur la volonté de conserver l’église et maintenir la paroisse en place. Les résultats avaient clairement indiqués une différence entre l’attachement des personnes âgées au patrimoine religieux et le détachement des générations plus jeunes.

 Il est à noter qu’au fil des dernières décennies, le développement domiciliaire à Saint-Claude a été manifeste dans le secteur du lac Boissonneault qui est situé à proximité de Val-Joli et de Windsor, là où les paroisses de Saint-Gabriel-Lalemant, Saint-Grégoire-VII et Saint-Zacharie ont cessé leurs activités durant les années 2000. Pour chacune de ces paroisses, les églises construites vers la fin des années 1940 présentent chacune des structures moins lourdes et complexes qui sont d’ailleurs toujours en place.

Construite avec des pierres extérieures sensibles aux effets du temps qui, dans le cas de Saint-Claude, sont encore plus manifestes en raison de l’emplacement qui donne de l’emprise aux vents, la structure a été érigée en hauteur, symbolique du début d’une décennie durant laquelle la présence de l’Église était très forte auprès du population. Construite avec des matériaux extérieurs semblables à ceux de l’église de Saint-Claude, la Cathédrale Saint-Michel à Sherbrooke profite d’un entretien régulier en raison de son importance, mais aussi de son statut patrimonial. Ce statut est absent pour le temple de Saint-Claude puisque l’intérieur du lieu n’a jamais été achevé, mise à part la pose d’un revêtement à base de fibres d’amiante. Quant à l’extérieur, une partie du clocher s’est détachée au début des années 1960 sans être replacé par la suite.

1999 : Une démolition en veilleuse
C’est à l’approche du millénaire que l’avenir de l’église et aussi celui de la paroisse ont éveillé l’attention. En avril 1999, les marguilliers de la paroisse tenaient une assemblée d’information publique sur la dégradation de l’église. Malgré des travaux de maçonnerie successifs, les quatre murs extérieurs affichaient des failles pouvant causer la chute de pierres. L’utilisation de la sacristie durant l’hiver pour les messes avait provoqué graduellement l’affaissement du plancher à cet endroit. À ces problèmes s’ajoutaient l’état fragile des tiges d’acier qui soutiennent les murs. La Fabrique était pour sa part confrontée à une dette de 35 000 $ versus des revenus annuels d’à peine 33 000 $ desquels se rattachaient des frais de 7000 $ pour le chauffage de la sacristie, puisque le reste du bâtiment était fermée durant l’hiver.

Les frais étaient évalués entre 500 000 et 800 000 dollars pour une réfection complète. Des travaux de maçonnerie à moindre frais furent tout de même réalisés pour solidifier les murs extérieurs Au nombre des paroissiens qui estimaient que la démolition s’imposait à court terme en raison de l’ampleur de la réfection, l’ex-maire de Saint-Claude, Bertrand Bazin, alors membre du conseil de Fabrique, avait auparavant proposé la construction d’un nouveau temple basé sur une architecture moderne permettant à la fois d’utiliser l’espace pour la pratique du culte, mais aussi pour la tenue d’activité complémentaire. Plusieurs paroissiens ont rejeté cette proposition, préférant conserver l’église en place et envisager une solution acceptable au plan monétaire.

Le temps a passé jusqu’à ce que des pierres se détachent du mur affaibli au cours de l’année 2005. Les assureurs ont exigé qu’un filet de sécurité soit installé, ce qui a remis au firmament l’avenir de l’église. En septembre de cette même année, les marguilliers convoquèrent la population à une assemblée publique pour faire état de la dégradation de l’église. Sur les 69 personnes présentes, 49 optaient pour la démolition du bâtiment. La Fabrique décida de procéder à un sondage par voie postale auprès de l’ensemble de la population. Au total, 76 enveloppes furent retournées desquelles 51 réponses étaient favorables à la démolition. Les marguilliers allaient cependant repousser la décision finale jusqu’au printemps, souhaitant qu’une option valable puisse de conserver le temple. Cette option se manifesta par l’entremise des frères Proulx, deux hommes d’affaires bien implantés à Asbestos, qui proposaient dans la foulée de « donner au suivant » d’assumer les frais pour la réparation des principaux points faibles de l’église. L’aide se heurta cependant à des réserves chez certains citoyens quant à l’intention des deux hommes d’affaires. De plus, l’ampleur des travaux exigeait une implication bénévole du milieu.

L’opportunité s’estompa et au terme de l’année 2006 marquée par des différences de points de vue au sein du conseil de Fabrique et de la population, le curé de la paroisse, Guy Giroux, allait tranché la question avec l’appui du Diocèse. Ainsi, les dernières semaines de l’année 2006 marquèrent tour à tour l’abolition du conseil de Fabrique et de la paroisse. N’accueillant plus qu’un nombre à la baisse de paroissiens, l’église était déjà fermée pour les messes et activités religieuses tandis que le budget de fonctionnement annuel dépassait à peine le seuil des 20 000 $.

Comme l’a rappelé le maire Hervé Provencher lors du point de presse de jeudi, la Municipalité décida d’acquérir l’église et le terrain. « Nous voulions vendre l’église mais conserver le terrain principalement à cause de la proximité de la caserne des pompiers. En cas d’urgence, il fallait s’assurer que les camions à incendie puisse sortir en tout temps sans obstacle. En possédant le terrain, nous étions certains de pouvoir contrôler l’accès des véhicules à cet endroit », de préciser le maire de Saint-Claude.

C’est un résidant de Châteauguay qui se porta acquéreur de l’église pour une somme de 50 000 $, avec au programme une bonne fournée de projets à saveur commaunautaire, dont l’établissement d’une épicerie gorgée de produits locaux, un café pour les jeunes et le retour des messes dominicales. Les meilleures concrétisations furent cependant la vente des bancs d’églises et des objets religieux. Quant à l’entretien du bâtiment, c’est plutôt sa dégradation accélérée qui fut observée durant les trois dernières années.

Des cloches en souvenir
L’administration municipale a donc repris le bâtiment  centenaire en août dernier. Hervé Provencher avoue que la démolition lui pince le cœur, comme c’est le cas pour d’autres citoyens, mais que l’état de l’église a atteint un seuil de dégradation incontournable au plan monétaire. Afin de rappeler la présence du temple qui domine pour quelques jours encore le cœur du village, la Municipalité verra à conserver les cloches qui seront aménagées dans un espace vert, possiblement à l’endroit même où est située l’église.

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