Gravière dans le rang 4. La Municipalité de Saint-François aura la réponse du CPTAQ d’ici quelques semaines
Saint-François (RC) – C’est le 15 septembre dernier que la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) tenait ses audiences à Sherbrooke portant sur les appuis et oppositions au projet de gravière-sablière au Canton de Melbourne mené par l’entreprise Ardoise Kingsbury (Ardoise M et M inc). Au terme des interventions qui sont présentement à l’étude, la CPTAQ devrait annoncer sa décision finale à la fin d’octobre ou au début de novembre.
Il faut se rappeler qu’initialement, la CPTAQ avait donné son accord à Ardoise Kingsbury qui, auparavant, avait reçu le feu vert des élus du Canton de Melbourne. Informés du projet, le maire de Saint-François-Xavier-de-Brompton, Daniel Morin, et des membres du conseil municipal, se sont opposés à l’exploitation d’une gravière-sablière, ciblant au départ le volume indéfini d’extraction et les risques d’une circulation lourde accrue sur le rang 4 en direction du village, là où se trouve l’école primaire Arc-en-Ciel à proximité de l’intersection du rang 4 et de la route 249.
Vivement décidé à interrompre ce projet en raison des risques de sécurité et d’une atteinte à la qualité de vie pour les résidants des secteurs touchés, le maire Morin a déposé une requête afin que la Municipalité de Saint-François puissent se faire entendre auprès de la CPTAQ. Il a de plus tenté de convaincre les élus du Canton de Melbourne de faire marche arrière, mais ceux-ci ont finalement décidé par résolution de maintenir leur décision à l’endroit d’Ardoise Kingsbury. Cette position a d’ailleurs été exprimée lors des audiences du 15 septembre dernier, laissant entendre à la Commission que l’opposition de la Municipalité de Saint-François équivalait à un empiètement dans le champ d’action de la Municipalité du Canton de Melbourne.
Si la position du maire Morin et des conseillers opposés au projet a fait écho auprès des citoyens, d’autres se sont montrés favorables à Ardoise Kinsbury ou ont jugé que l’opposition risquait de mener à un cul-de-sac, optant alors pour des compromis faisant appel à une réglementation visant à restreindre la circulation des véhicules lourds à certaines heures de la journée.
C’est dans ce contexte que les auditeurs de la CPTAQ ont entendu les intervenants venus défendre ou rejeter le projet de gravière-sablière. Un conseiller de Saint-François, Raymond Letarte, le copropriétaire d’Ardoise Kinsbury, Maurice Houle, un des trois actionnaires de l’entreprise ainsi que l’ex-maire de Saint-François, Jean-Claude Guimond, ont tour à tour plaidé en faveur du projet. De leur côté, Daniel Morin, l’inspecteur de la Municipalité de Saint-François, Laurier Busque et René Lapierre ont exprimé les raisons qui les opposent au projet. Dans tous les cas, les aspects reliés à la protection du territoire agricole devaient être l’élément moteur pour chacune des interventions.
Tonnages d’ardoise versus tonnages de gravier et de sable
Si les partisans du projet retiennent que la gravière-sablière a pour but de rentabiliser les opérations reliées à l’exploitation de l’ancienne mine d’ardoise qui, au départ, reçoit un accueil positif en regard du caractère historique et du marché potentiel relié à l’utilisation de cette pierre, l’opposition des représentants de la Municipalité de Saint-François retient en premier lieu les différences d’exploitation qui séparent l’ardoise de la gravière-sablière.
« Ardoise Kingsbury est limitée à un tonnage annuel. Il n’y a pas de problème à ce niveau, mais c’est différent en ce qui concerne l’exploitation de la gravière-sablière. Ce qu’il faut savoir, c’est que sa superficie d’exploitation est de 11,85 hectares, ce qui équivaut à un terrain de 1100 X 1100 pieds avec une profondeur de 50 pieds. Annuellement, ça représente des centaines et des centaines de camions qui pourraient circuler sur le territoire de Saint-François », indique René Lapierre.
Ayant signifié à la CPTAQ les particularités qui se rattachent à l’exploitation de la gravière-sablière sur le milieu agricole, précisant que celle-ci n’est pas contrainte à une limite de tonnage, M. Lapierre s’étonne d’avoir entendu durant l’audience l’un des actionnaires d’Ardoise Kingsbury affirmer que, dans l’éventualité de pouvoir exporter l’ardoise en direction de l’Europe, la gravière-sablière s’avérait un outil de financement dont la croissance des opérations est reliée à celle d’Ardoise Kinsbury.
En regard de ces aspects, le maire Daniel Morin n’a pas l’intention de lâcher prise. Pour l’immédiat, son passage devant la CPTAQ lui laisse un goût amer, notamment sur le fait que l’objet de l’opposition doit se rapporter essentiellement aux facteurs agricoles. « Nous ne pouvons pas intervenir sur d’autres points, comme la sécurité des enfants ou les notions du développement durable. En fait, on a l’impression qu’une vache est mieux protégée qu’un enfant. »
Si le maire Morin entend poursuivre le combat, lui et ses collègues peuvent se consoler de l’appui moral adopté par le conseil municipal de Kingsbury, qui a cependant choisi de ne pas soutenir Saint-François au plan financier.
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