Windsor (RC) – Les proches de Richard Morin vivent en ce moment des heures difficiles après avoir été informé de sa disparition lundi, en fin de soirée. Co-propriétaire de la Quincaillerie Windsor, M. Morin s’est envolé en direction du Mexique jeudi dernier pour un séjour d’une semaine à Cancun. Après avoir auparavant communiqué avec des membres de sa famille le samedi suivant, ceux-ci apprenaient deux jours plus tard sa disparition par l’entremise de la Gendarmerie royale du Canada.
Au niveau des médias, seul un communiqué émis par la Presse canadienne mardi, en après-midi, fait état brièvement de la disparition de Richard Morin. « Les autorités policières de Cancun ont rapporté à l’Ambassade du Canada la disparition d’un citoyen de nationalité canadienne, M. Richard Morin, résidant à Windsor dans la province de Québec. Selon deux témoignages recueillies par la police mexicaine, l’homme âgé d’une cinquantaine d’année aurait été victime d’une embuscade commise par trois individus sur une portion du circuit touristique conduisant aux pyramides Maya, dans la région de Cancun. »

Le communiqué de la Presse canadienne précise que l’incident s’est produit au moment où M. Morin circulait seul à bord d’une automobile de location avant qu’un autre véhicule, de type utilitaire, le force à s’arrêter en bordure de la route. Sans plus de détails, le communiqué se termine sur une prise en charge commune du dossier par les gouvernements canadien et mexicain.
Jusqu’à maintenant, L’Étincelle a tenté sans succès d’avoir plus de détails sur l’affaire.Le responsable des communications au bureau de direction de la Gendarmerie royale du Canada au Québec, Herman Minville, a tout de même retourné notre appel, sans toutefois nous fournir plus de détails que ceux émis par la Presse canadienne. Celui-ci a cependant indiqué que la GRC pourrait tenir un point de presse d’ici la fin de la semaine, selon les développements du dossier. Du côté de la Sûreté du Québec, tant la direction de l’Estrie que le poste Val-Saint-François confirment la disparition, mais se refusent à tout commentaire.

Pour ce qui est des proches de Richard Morin, ces derniers s’attendent à un battage médiatique en règle d’ici peu. Yvan Morin, le frère de Richard, qui est également copropriétaire du commerce familial, a accepté de parler brièvement au journaliste de L’Étincelle, indiquant au départ la demande des autorités policières de ne livrer aucun commentaire sur l’affaire en cours.
« C’est extrêmement difficile pour nous tous, particulièrement pour notre mère qui accuse le coup durement. Aucun d’entre-nous n’aurait pu croire qu’une telle situation aurait pu se produire. Richard consacre beaucoup de temps au magasin et il était heureux à l’idée de prendre une semaine de repos à Cancun. Il rêvait d’aller à cet endroit depuis des années. Tout ce que nous espérons, c’est que la police le retrouve sain et sauf le plus vite possible », souhaite de tout cœur Yvan Morin.

Mais le frère cadet s’inquiète du climat qui règne au Mexique, bien au fait de l’actualité qui rapporte au fil des dernières années une lutte de plus en plus coriace opposant les forces juridiques et policières du Mexique à des groupes criminalisés, dont ceux provenant des cartels de la drogue. Le bras de fer entre le gouvernement mexicain de Felipe Calderon et les principaux cartels risquent de s’intensifier puisque la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, annonçait la semaine dernière l’échec des cartels de la drogue par le déblocage de 80 millions de dollars. Cette imposante enveloppe servira à fournir au Mexique des hélicoptères d’assaut « Blackhawk » pour la lutte contre les trafiquants.

En fait, la lutte des cartels qui s’affrontent dans une guerre sanglante pour le trafic des stupéfiants a fait plus de 5300 morts dans le pays en 2008, malgré le déploiement de 36,000 militaires et policiers au cours des deux dernières années. Cette lutte s’étend à l’ensemble du Mexique et commence de plus en plus à se manifester dans les zones touristiques, dont celles d’Acapulco et Cancun. Tant auprès des populations locales que touristiques, les groupes criminalisés exercent de forte pression par des actes d’enlèvement en retour de rançons.

Yvan Morin est au courant de ce problème pourtant lointain, mais soudainement si proche et troublant. Ne pouvant retenir plus longtemps l’angoisse et la peine qui l’assaillent, il a tendu le courriel que son frère lui a envoyé, le jour même où il apprenait sa disparition.Richard Morin écrivait : « Un commerçant bien connu de la région aurait été pris en otage lors d`une excursion au Mexique hier; il s'agirait de Richard Morin, un des propriétaires de la Quincaillerie Windsor située au coin des rues Saint-Georges et Principale de notre municipalité. Aux dernières nouvelles M. Morin aurait été enlevé lors d'une embuscade sur la route qui mène aux pyramides Maya dans la région de Cancun. Suite à cet enlèvement, une rançon de 50,000 truites mouchetées aurait été demandée aux autorités canadiennes. La famille n`a pu être contacté pour confirmation de cette nouvelle ! »

Étouffant ces sanglots, Yvan Morin s’est écrié : « Nous sommes tous au courant ! Et nous savons qu’elles doivent être livrées le 1er avril. Mais j’ai peur au niveau des douanes parce que la pêche a été bonne et je pense qu’on dépasse le quota… »

Toute l’équipe du journal tient à supporter et remercier Richard Morin pour le scoop. Nous transmettons par ailleurs des vœux de courage à ses proches et amis.

Yvan Morin