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Oui, l’être humain est un être social

durée 15 juin 2020 | 04h00

Au cours de la première semaine de juin, quelques pédiatres se sont adressés à la santé publique afin de dénoncer le danger de maintenir les mesures de distanciation chez les enfants. Ils ont abordé les impacts que peut représenter ce manque de contact pour le développement de l’intelligence chez les enfants. Je tenterai de vous exposer l’importance de la relation affective pour le développement global de l’enfant.

 

En effet, nous savons de manière instinctive que l’humain est un être social. Mais dans les faits, il s’agit de beaucoup plus que cela. Notre développement psychologique et cognitif dépend de nos attachements précoces et de notre lien avec les gens qui nous entourent. Les premiers regards entre la mère et son bébé sont l’occasion d’un développement neurologique intense qui favorise le développement sain du cerveau. C’est le développement de notre espèce tout entière qui dépend du développement de l’intelligence d’une partie significative des individus. Bâtir une maison, un village, des routes et une société dépend entièrement de la collaboration que nous serons en mesure de développer entre nous.

 

Dans le règne animal, chaque espèce survit grâce à ses défenses. Le chat se défend plus spécifiquement avec ses griffes, alors que le chien compte sur ses crocs. Chez l’humain, l’intelligence est sa principale défense et pour la développer, il a besoin de liens d’attachements stables et sécures. Vous aurez compris que développer l’intelligence est beaucoup plus complexe que de développer des griffes ou des crocs.

 

C’est pourquoi ça prendra plus de 18 années pour que le développement d’un adulte humain autonome soit optimal. Pendant que notre corps se développe, toute une personne se construit dans notre monde interne. Notre grande dépendance à nos parents sur une longue période nous oblige aussi à devoir compter sur les adultes responsables de notre éducation. La confiance est donc un gage de sécurité qui permettra à l’enfant d’apprendre et d’imiter ses parents sans craindre pour sa vie.

 

Au cours des cinq dernières décennies, les théories de l’attachement ont été l’objet d’un nombre incalculable de recherches. Il serait donc très ambitieux de vouloir expliquer tous les impacts de cette connaissance dans une telle chronique. Mais j’aimerais tout de même clarifier l’importance du lien relationnel pour les êtres humains et l’impact de sa rupture dans une période de pandémie comme celle que nous connaissons actuellement.

 

Des études faites auprès d’enfants orphelins après la Deuxième Guerre mondiale suggéraient déjà que le fait de nourrir un enfant sans lui assurer un lien affectif n’était pas suffisant pour le développement global de cet enfant. En effet, le développement psychologique et cognitif d’un enfant humain est très complexe, puisqu’il se construit à partir du reflet juste de l’environnement sur son individualité et de ses interactions avec le monde externe. L’enfant qui se sent aimé par des gestes, par des mots ou par des actions qui se veulent affectueux et sécurisants se développera avec une meilleure connaissance de lui-même et une meilleure confiance en lui. Il sera donc plus enclin à explorer son environnement et ainsi développer ses sensations, sa compréhension du monde et sa créativité.

 

Afin de favoriser un bon lien d’attachement avec son enfant, il est suggéré de répondre adéquatement à ses besoins en fonction de son âge. Lorsque l’on répond aux besoins de son enfant, il est recommandé de le faire dans la tendresse et la bienveillance. De plus, quand un enfant s’agite, qu’il pleure ou qu’il montre de fortes émotions, c’est qu’il exprime un besoin et un malaise. Il est donc recommandé d’y accorder de l’attention, de tenter de comprendre le besoin et d’apaiser l’enfant en répondant au besoin si possible ou en expliquant pourquoi ce n’est pas possible. Interagir, jouer avec son enfant et l’aimer tel qu’il est sont des actions concrètes qui favorisent un bon lien d’attachement.

 

En ces temps de pandémie, alors que les enfants sont coupés des liens d’attachement de leur environnement scolaire ou familial, il est important de continuer à favoriser des échanges constructifs avec ces personnes significatives. Il incombe aux parents, déjà bien occupés avec les contraintes de la pandémie, de prendre du temps avec les enfants pour parler de ces manques et ainsi tenter de développer des stratégies pour que des contacts soient possibles dans le respect de la distanciation sociale proposée par la santé publique.

Espérons que les enfants pourront bientôt se toucher, se parler ou jouer à nouveau sans crainte et ainsi recommencer à collaborer dans la créativité de leur propre monde avec leurs proches.

 

Source :  Line Lacaille

Psychothérapeute, travailleuse sociale

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