Richmond – L’incendie qui a complètement ravagé la semaine dernière la Résidence Le Riverain, une maison de location de chambres au centre-ville, a complètement rayé de la carte un des plus anciens bâtiments commerciaux de la ville de Richmond.
Cela ne se voyait guère au premier coup d’œil puisque depuis une vingtaine d’années, le bâtiment avait subi plusieurs transformations majeures afin de remplir sa nouvelle vocation commerciale. Cependant, la structure originale qui se trouvait toujours sous cette nouvelle carapace datait depuis 1909 et peut être même au début des années 1900, selon les dires de Mme Esther Healy de la Société d’histoire du comté de Richmond.
Cet édifice a connu toute une histoire puisqu’il avait abrité depuis sa construction, l’hôtel Saint-Jacob qui a connu des années mémorables au même titre que ses voisines sur la rue principale Nord, l’hôtel Grand Central et l’ancien hôtel Brunswick, connu maintenant sous le nom de Résidence Brunswick. Il avait su résister à l’usure du temps et aux nombreuses inondations printanières dont il a été victime comme plusieurs édifices du centre-ville.
Ces ancêtres des motels d’aujourd’hui offraient à leurs débuts des services complets de restauration et de chambres à louer des plus respectables. Ils ont tous connu leurs plus belles années alors que la rue Principale constituait l’artère principale des automobilistes entre Sherbrooke et Drummondville et que les trains voyageurs du Canadien National s’arrêtaient à la gare de Richmond en provenance de Québec et de Montréal pour y déverser plein de visiteurs de passage et de vendeurs itinérants et que les entreprises industrielles et commerciales se développaient avec vigueur dans la municipalité.
Puis dans les années 1970 avec le déclin des activités ferroviaires, le développement des autoroutes, l’étalement urbain, l’apparition des grandes surfaces commerciales et les avancées technologiques, les hôtels de Richmond ont tous connu une perte de popularité et ont dû sacrifier leurs activités hôtelières pour devenir des endroits reconnus davantage comme débit de boisson pour y prendre un verre ou pour danser et se divertir.
Le Saint-Jacob avait diversifié son offre de services en offrant à ses clients une brasserie à l’arrière de l’édifice, une autre section réservée aux spectacles de danseuses nues et un autre espace de l’établissement, le « grill », où les gens pouvaient danser au son de nombreux orchestres qui s’y sont produits au fil ans des décennies.
Des générations de citoyens de Richmond et des municipalités environnantes ont connu leurs premières années de jeunes adultes à l’intérieur de cet édifice qui était surnommé « Le Chic ». Il s’agissait d’un lieu de rencontre où se côtoyaient autant les jeunes que les vieux, lesquels y trouvaient toujours ce qu’ils recherchaient. Et l’action ne manquait pas certains soirs !
Le Saint-Jacob c’était aussi les propriétaires, gérants et membres du personnel tels que Roger Cameron, Joyce Crack, Doriles Lussier, Conrad Maurice, Kathy, Roger Labarre, Jos Desrosiers, la famille Salois : Yvon, Nicole et Danielle et plusieurs autres dont je ne me souviens plus les noms ou que je n’ai pas connus.
Ha! si les murs avaient pu parler, nous en aurions entendu des choses qui se sont déroulées dans cet immeuble plus que centenaire qui aura connu malgré tout ce que les gens ont pu en dire, ses heures de gloire au centre-ville de Richmond, et ce pendant plusieurs décennies! Que de souvenirs viennent de disparaître !
Par Guy Marchand