Le Château Windsor disparaît en moins de trois jours
Windsor (RC) – La démolition du Château Windsor et des bâtiments juxtaposés en bordure de la rue Saint-Georges a débuté mardi pour s’achever deux jours plus tard, un peu après la fin de l’avant-midi du 6 décembre, avec l’écroulement de la dernière tour de l’ancien hôtel, celle faisant face à l’intersection de la Principale Nord et du pont des Papetiers.
Dès lundi, des gens du secteur et d’autres provenant de Windsor et de la région sont venus voir les travaux. Plusieurs avaient en main un appareil photo pour croquer quelques images d’un bâtiment qui a dominé le « bas de ville » durant plus de cent ans. Initialement, le Château Windsor a été construit soit en 1909 ou 1910 avant d’être rasé par les flammes en 1911. Il sera reconstruit aussitôt jusqu’à ce qu’un incendie majeur ravage plusieurs immeubles du centre-ville dont l’établissement hôtelier qui sera à nouveau reconstruit à neuf.
Pour des gens qui observaient le chantier de démolition, la disparation du vieil hôtel était une page à tourner dans la foulée d’une revitalisation nécessaire. « J’ai grandi et demeuré toujours à proximité du Château. L’été, je passais des après-midi sur la galerie à jaser et à regarder passer le trafic. Des bâtiments comme celui-là, ça n’existe presque plus. Mais ça ne m’attriste pas de le voir disparaître parce c’est une autre époque et qu’il est temps d’améliorer le centre-ville. Ça amener du changement et faire l’économie », considère l’un des copropriétaires de la quincaillerie Ace, Yvan Morin, qui n’a pas manqué l’occasion de croquer l’événement avec son vieux Pentax, encore capable de rivaliser avec les meilleurs canons du genre.
Jacqueline Morin retient pour sa part la particularité de l’architecture etl’aspect de la conservation. « Beaucoup de bâtiments et d’immeubles qui ont de belles caractéristiques architecturales sont laissées à l’abandon. De nos jours, ça coûte trop cher pour construire de tels édifices dont beaucoup se dégradent faute d’un bon entretien. Je n’ai pas souvent été au Château, mais je considère que c’était un immeuble appréciable par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. »
Pour l’ex-directeur de la police municipale de Windsor, Denis Saint-Onge, le Château et les hôtels Frontenac et Riverview étaient des lieux constants d’interventions durant la fin de semaine. « Dans les années 1970, les trois hôtels attiraient encore beaucoup de monde et dans la soirée et durant la nuit, nous allions d’un hôtel à l’autre pour calmer les chicanes entre clients et voir à ce que l’ordre soit maintenu. »
Malgré le déclin qui s’est amorcé vers la fin des années 1960, le Château Windsor a été le seul établissement du genre à traverser les décennies suivants. La mairesse de Windsor, Sylvie Bureau, se rappelle d’avoir vu en spectacle Michel Barette et Daniel Lemire qui débutaient leur carrière d’humoriste. Et comme bien d’autres personnes et pour bien des couples aussi, des souvenirs de banquets, de noces, de soirées de danse, d’orchestres et d’artistes de passage à Windsor sont encore greffés à la mémoire.
Membres du Comité de promotion industrielle de la zone Windsor, Martial Chamberland et Michel Champagne retiennent la réputation de la salle à manger et des chambres du Château Windsor avant que le déclin s’engage, graduellement, à travers des problèmes résultant de la consommation d’alcool et de drogue auprès d’une certaine clientèle, et aussi par l’accroissement des véhicules et l’élargissement du réseau routier.
Outre les souvenirs et la nostalgie, le travail accompli par l’entreprise Excavation René Saint-Pierre, dont celui du grutier, a attiré l’attention durant les trois journées démolition. L’un des quatre partenaires de la Société immobilière Le Château du Bel Âge, Raphaël Francoeur, a grandement apprécié la compétence de l’entreprise sherbrookoise qui, à peu près à cette période de l’année, avait démoli l’ancienne église de Saint-Claude en respectant l’agenda prévu.
Il reste maintenant à démolir le petit bâtiment de l’ancienne station de taxi et celui qui abritait autrefois le manège militaire. Ces dernières étapes auront peu d’effet sur le chantier des derniers jours qui laissent maintenant un espace vacant dans l’attente de la réalisation du projet Place Windsor.
Pour partagez votre opinion vous devez être connecté.