Fluoration : le principe de précaution s’applique.
Le dossier de la fluoration me touche d’abord comme dentiste, mais aussi comme mère de famille puisque mon fils fréquente depuis septembre l’école primaire de Richmond dont l’eau est fluorée depuis janvier 2010. Je suis d’avis que malgré une constante amélioration des soins dentaires, rien ne remplace encore de saines habitudes alimentaires et une bonne hygiène dentaire. Mieux vaut agir sur la cause de la carie, plutôt que d’avoir à restaurer les dents.
Ceci étant dit, l’ajout de fluorure dans l’eau potable pour ‘traiter’ la carie ne m’a pas convaincu des bienfaits de ce procédé, bien au contraire… Ce fut un choc pour moi de découvrir la faiblesse de la preuve qui a mené aux débuts de la fluoration (recherches financées par l’industrie de l’aluminium qui cherchait alors à valoriser un déchet industriel, les fluorures). Il est surprenant que l’on continue d’affirmer que la fluoration de l’eau fait consensus alors que ce n’est pas le cas. De nouvelles informations sur les impacts négatifs de la fluoration ont d’ailleurs poussé certains organismes à retirer leur appui à ce procédé. En effet, de récentes études pointent vers une relation entre l’exposition aux fluorures et la réduction du quotient intellectuel, un dérèglement de la glande thyroïde, et une fragilité accrue des os. De plus, l’efficacité de la fluoration pour réduire la carie dentaire est sérieusement remise en question.
Un premier élément qui cloche au niveau de la fluoration de l’eau est l’impossibilité de trouver la concentration optimale. La consommation d’eau varie considérablement d’une personne à l’autre. Il est vrai que le dosage pour mourir d’une intoxication aigue est impossible à atteindre en buvant de l’eau fluorée de Richmond. Par contre, le dosage à ne pas dépasser pour éviter l’intoxication chronique est beaucoup plus faible car le fluor est un élément qui s’accumule facilement dans notre corps. D’ailleurs, la concentration maximale sécuritaire établie par Santé Canada pour l’eau de consommation est à peine plus élevée que celle utilisée à Richmond (1,5ppm contre 0,7ppm). Les femmes qui allaitent, les grands sportifs, les diabétiques ou les insuffisants rénaux boivent généralement beaucoup plus d’eau que la moyenne des individus et ingéreront par conséquent beaucoup plus de fluor.
Si on considère les autres sources de fluor, le calcul du dosage quotidien se complexifie. En effet, la plupart des gens avalent une plus ou moins grande quantité de dentifrice lorsqu’ils se brossent les dents. S’il est inscrit sur le tube de dentifrice qu’en cas d’ingestion accidentelle d’une quantité plus grande que celle nécessaire pour le brossage des dents il faut consulter le centre antipoison, c’est que le risque d’intoxication est bien réel (quelques décès ont été attribués à l’ingestion de produits à haute teneur en fluor prévus pour un usage local). Par précaution, je conseille aux parents de donner un dentifrice d’entrainement sans fluor aux jeunes enfants qui ne peuvent cracher convenablement et qui raffolent des saveurs alléchantes ajoutées aux dentifrices. On absorbera aussi des fluorures en consommant du thé, des poissons et des aliments préparés avec de l’eau fluorée…
De l’avis même des Associations Dentaires Américaine et Canadienne, il serait préférable que les bébés ne consomment pas d’eau fluorée, notamment dans la préparation de lait de remplacement. Pourquoi ?! Parce qu’on reconnaît que les bébés sont plus à risque de développer une fluorose dentaire. Comment peut-on continuer à mettre du fluor dans l’eau si on sait que cela est nocif pour une partie de la population?
J’avoue ne pas comprendre l’acharnement avec lequel l’agence de la santé publique fait la promotion de la fluoration. Cet organisme doit garder en priorité la santé de la population et appliquer le principe de précaution. Le fait que la fluoration de l’eau soit employée depuis 65 ans ou qu’elle reçoive l’appui d’organismes ou de professionnels ne suffit pas à justifier cette mesure. Il est grand temps d’analyser en profondeur les impacts réels de la fluoration.
Eve-Marie Arcand
Dentiste à la Clinique Dentaire Galt à Sherbrooke,
Citoyenne du Canton de Melbourne
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