JEAN HAMEL
L’art de faire rayonner Asbestos aux quatre coins de la Ligue nationale de hockey
Par Richard Lefebvre
Journaliste
Val-des-Sources — Le 8 juin 1972, les dirigeants de la Ligue nationale de hockey sont ré- unis à l’hôtel Reine Élizabeth de Montréal dans le cadre du repêchage amateur annuel. Billy Harris fut alors le tout premier choix de l’encan, alors que ce dernier est sélectionné par l’une des deux nouvelles franchises à joindre les rangs, en l’occurrence les Islanders de New York.
L’autre nouvelle venue, les Flames d’Atlanta s’appropria les services du québécois Jacques Richard des Remparts de Québec. Ensuite, les Canadiens de Montréal, quatrième à parler au premier tour, jettent leur dévolu sur le jeune attaquant prometteur Steve Shutt, au grand plaisir des partisans.
Ce ne sont toutefois pas les choix de l’équipe montréalaise qui retinrent l’attention des citoyens d’Asbestos et de la région en cette journée. Mais bien la sélection du défenseur local Jean Hamel par les Blues de Saint-Louis au troisième tour, faisant de lui le 41e choix au total. « Ce fut tout un privilège d’être repêché par Saint-Louis, mais aussi quelque peu une sur- prise. Car les Canucks de Vancouver étaient parmi ceux qui avaient démontré le plus grand intérêt à mon endroit au départ. », de souligner Jean Hamel.
Concluant ainsi son stage junior avec Drummondville, l’athlète de 5 pieds, 11 pouces et 195 livres, se dirigea vers Denver pour s’aligner avec les Spurs, le club-école des Blues à l’époque. Après quelques matchs, ce dernier a reçu un coup de fil du grand club, afin qu’il rejoigne l’équipe à Saint-Louis. « Je dois beaucoup à l’entraîneur Jean-Guy Talbot, car c’est à lui que la direction a confié les rênes de l’équipe après le congédiement d’AL Arbour au début de la saison 72-73. Il a démontré beaucoup de confiance envers moi et m’a permis de jouer sur une base régulière. », de poursuivre M. Hamel.
Après un camp d’entraînement hypothéqué par la mononucléose et quelques difficultés à re- trouver ses repères au début de sa deuxième campagne, Jean Hamel est finalement échangé. Il reste en compagnie de deux co- équipiers, aux Red Wings de Détroit où il évoluera sept saisons et avec qui sa carrière prendra alors véritablement son envol.
« Malgré le fait que je suis parti jeune de chez moi et que ma famille et moi vivions aux États- Unis, nous sommes toujours demeurés très attachés à Asbestos. Si bien qu’à ma deuxième année professionnelle, nous avons fait construire notre demeure, dans laquelle nous revenions passer tous les étés, c’était très important pour nous de revenir à la maison. », de poursuivre l’ex-hockeyeur.
Après avoir reçu une simple lettre de la part des Wings durant l’entre-saison de 1980-81 à 1981- 82, mentionnant que leur association était main- tenant terminée, Jean Hamel fit alors appel aux services de son ami Georges Guilbault qui parvint alors à lui dénicher un essai au camp des Nordiques de Québec. Il se tailla finalement un poste avec l’équipe et il y passera deux saisons avant de voir Serge Savard et les Canadiens de Montréal en faire l’acquisition.
L’Asbestrien d’origine aura été au cœur quelques mois plus tard, des tristes événements survenus lors de l’historique match du vendredi saint entre Montréal et Québec. Alors qu’il reçut un coup de poing sournois de la part de son ancien coéquipier Louis Slegher, le laissant inconscient pendant près d’une dizaine de minutes.
« Certaines personnes croient que c’est l’événement qui a mis un terme à ma carrière. Il s’agit plutôt d’une rondelle que j’ai reçue directement dans l’œil, lors d’une rencontre présaison face à Boston l’année suivante. Ayant perdu à ce moment 100 % de ma vision à cet œil, j’ai pu grâce à la technologie et une chirurgie subie 20 ans plus tard, en recouvrer au moins 90 %. [...] Il faut dire que j’ai toujours été extrêmement bien traité à la fois par l’organisation des Canadiens et par Serge Savard personnellement, et ce, avant, pendant et après ma blessure, pour moi Savard c’est un réel Gentleman et je tiens à le remercier sincèrement pour tout ce qu’il a fait pour moi. », ajoute Jean Hamel.
Au cours de son après-carrière de joueur, M. Hamel aura également œuvré plusieurs années comme entraîneur au niveau du club-école du CH, alors positionné à Sherbrooke. Il aura également fait sa marque dans la LHJMQ avec des passages à Drummondville comme DG et Entraîneur-chef pendant quatre ans pour ensuite prendre la barre des Tigres de Victoriaville pendant un an et demi. Il termina son parcours derrière les bancs d’une équipe en acceptant de diriger les Aztèques d’Asbestos de la ligue de hockey senior pendant une saison au tournant des années 2000.
«J’ai eu une belle carrière et c’est ici que ç’a commencé, à l’aréna de la ville où nous pouvions compter sur une pépinière d’entraîneurs qui se démarquaient littéralement. Je pense notamment à l’illustre Connie Dion, qui a été mon entraîneur au niveau mineur, ainsi que mon père Jean-Noël, avec qui j’ai eu la chance d’apprendre beaucoup. D’autres joueurs de la place, comme mon frère Gilles par exemple, se sont aussi hissés à la LNH ou à des niveaux supérieurs et je ne peux passer sous le silence le fait qu’à l’époque la compagnie minière a certainement contribué au succès de plusieurs. Celle-ci défrayait le coût des heures de glaces, en plus de donner beaucoup d’argent au développement du hockey mineur local.», de conclure l’ancien numéro 28 des Canadiens de Montréal.
Maintenant à l’âge de 72 ans, M. Hamel et sa conjointe des 51 dernières années, Thérèse, habitent toujours la ville qu’il affectionne depuis si longtemps. Les deux continuent d’encourager son ancienne équipe et d’épier ce qui se passe au Centre Bell.
Texte du cahier 125e anniversaire de Val-des-Sources
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