Publicité

8 mars 2020 - 04:02

Sénégal : entre tradition et modernité

Toutes les réactions 1

Il n’est pas rare au Sénégal de croiser, dans une rue de Dakar, la capitale, un cheval ou un âne qui précède ou suit une voiture luxueuse ou des taxis comme on en trouve chez nous. De la même façon, entre des édifices modernes et des maisons de tôle qui tiennent plus par habitude que par solidité, le regard du visiteur est sans cesse confronté à des réalités d’apparence contradictoire.

Pays musulman à plus de 90%, où l’islam est pratiqué de façon ouverte et transparente, le Sénégal charme par son rythme de vie paisible, marqué par l’omniprésence du sable du Sahara dans les rues et sur les trottoirs des villes. On se croirait par moment en plein désert, mais vite, le bruit et le vacarme des autos, les appels sonores à la prière et le piaillement d’oiseaux exotiques, tout cela nous ramène à la réalité assourdissante du continent africain.

Aventures en terres paysannes

Pendant un mois, je suis venu constater et mesurer sur le terrain, principalement en campagne, l’aide qu’apporte Carrefour International, une organisation canadienne de coopération et de développement international, à des associations paysannes sénégalaises. C’est la première fois que je travaille en milieu rural.

Cette fois, je me rends dans des champs maraîchers, à plusieurs heures de la capitale, où des paysannes apprennent et cultivent en profitant de formations et d’outils offerts par Carrefour International. Par exemple, un système d’irrigation des champs remplace les arrosoirs lourds et encombrants que devaient jusque-là utiliser les femmes pour alimenter en eau leur précieuse parcelle de terre cultivable. Le nouveau dispositif de «goutte à goutte» multiplie à l’infini la superficie à abreuver, tout en économisant l’eau. Un ingénieux système de panneaux solaires, quant à lui, permet d’activer les pompes qui servent à extraire l’eau des réservoirs et des puits.

Donner du poisson, non. Apprendre à pêcher, oui.

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de la manière de venir en appui aux populations les plus pauvres du pays, principalement constituées de femmes. Comme le veut un dicton chinois: «On ne donne pas de poisson à un pauvre. On lui montre comment pêcher». C’est ce que tente de faire l’organisation canadienne qui m’a dépêché en campagne sénégalaise.

En dehors du travail, j’en profite, bien sûr, pour en apprendre le plus possible, en très peu de temps, sur le Sénégal, ce pays d’Afrique de l’Ouest encore empêtré par un encombrant héritage colonial français.

Le tourisme, première ressource économique du pays, rapporte gros, mais ne suffit pas à sortir le pays de sa misère organique. Trop peu d’avenues de réussite s’ouvrent à des milliers de jeunes scolarisés et talentueux.

Vite, une visite s’impose: la symbolique Île de Gorée, plaque tournante du trafic d’esclaves africains pratiqué pendant des siècles par l’Europe au profit des États-Unis et d’autres pays riches. Tout est réglé au quart de tour. Il est ironique de voir que l’argent pleut tout à coup quand il est question d’esclavage… au passé!

Pourquoi un pays comme le Sénégal demeure-t-il, malgré sa modernité, au 166e rang parmi 189 pays au palmarès de l’indice de développement humain du monde entier? Quand on me pose la question, j’hésite, puis je réponds: «Quand tes créanciers te forcent et te limitent à cultiver l’arachide, tu comprends pourquoi le Sénégal, malgré son potentiel de richesse, demeure dans un état de grande précarité».

La vraie richesse du Sénégal est sa proportion de jeunes de moins de 20 ans: plus de 55% de la population totale, ce qui en fait, comme beaucoup de ses voisins de l’Afrique subsaharienne, une véritable bombe à retardement démographique.

L’argent se rend-il?

Je retiens surtout de mon séjour au Sénégal la grande ouverture d’esprit d’une nation à prédominance musulmane, tolérante et ouverte aux autres réalités intérieures et extérieures, capable de grandes choses pourvu qu’on lui en donne la chance.

«L’argent que l’on donne aux pays pauvres se rend-il bien à destination?» me demande-t-on souvent à mon retour d’Afrique ou d’autres pays défavorisés. Dans le cas de Carrefour International, je peux répondre «oui».

Pour ce qui est des autres organisations humanitaires canadiennes ou étrangères, je ne peux soutenir à 100% que l’argent se rend toujours là où il est attendu. Mais, sans crainte de me tromper, je peux affirmer ceci: «Si vous ne donnez rien, je peux vous garantir à 100% que l’argent ne se rendra jamais».

Roger Clavet, un citoyen de Kingsey Falls, s’est rendu, du 16 février au 16 mars 2020, au Sénégal comme rédacteur de contenu pour Carrefour International.

Publicité

Commentez cet article

Un ou plusieurs champs sont manquants ou invalides:





Actualités - L'Étincelle se réserve le droit de ne pas publier ou de retirer les propos diffamatoires, obscènes, ainsi que les commentaires discriminatoires, tout comme ceux incitant à la haine ou la violence. De plus, l'écriture phonétique et les messages écrits en lettres majuscules ne seront pas acceptés.

Vous souhaitez commenter cet article ? Faites-le de façon intelligente. Quoique certains internautes se croient à l’abri en publiant des commentaires et en nous donnant de faux courriels, il est très facile de les retracer. En cas de plainte pour diffamation ou menaces, Actualités - L'Étincelle collaborera avec les autorités en leur remettant les informations desdites personnes.

Toutes vos réactions

1 réactions
  • Pour avoir vécu en Équateur, je tombe d'accord avec le dicton chinois "d'apprendre à pêcher, plutôt que de donner du poisson".Ça semble la philosophie du Carrefour et je m'en réjouis. Mon expérience m'a aussi enseigné que ceux qui vivent un problème ont eux-mêmes la solution. Plaise à Dieu qu'on le mette en mouvement avant la bombe à retardement.

    thérèse lacourse - 2020-03-20 20:38