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Windsor (RC) - Installés à Windsor depuis deux ans, Guy Lemieux et Maryse Roy ont mis au point durant les six derniers mois un concept inspirés des roulottes de gitans que l’on retrouve en Europe. Le couple, qui a formé sa propre entreprise, Roulottes en bois Tango, exposera leur prototype au Salon Chalets et Maison de campagne qui aura lieu du 5 au 8 février au Centre des congrès de Québec. Dans le cadre de ce même salon, ce sera ensuite le Stade olympique à Montréal, du 19 au 22 février.
Ces deux étapes d’exposition sont très importantes pour les deux jeunes entrepreneurs qui n’en sont pas à leur première expérience dans le domaine des affaires. Natif du quartier Ahuntsic à Montréal, Guy Lemieux a été copropriétaire d’une entreprise de sérigraphie durant une vingtaine d’année dans la métropole avec sa compagne, Maryse Roy, qui est native de la Beauce. Au bout de deux décennies, le couple a décidé de vendre l’entreprise et de s’accorder une période de changement propice à envisager un nouveau départ. Après avoir quitté Montréal pour l’Estrie, le couple a fait l’achat d’une maison à Windsor, là où un projet a soudainement germé au cours de l’été 2008.
C’est le frère de Guy Lemieux, Jean, qui a inspiré les deux entrepreneurs avec des photos de d’un voyage en sol européen montrant les roulottes dans lesquelles vivent les gitans. «Il y un aspect romantique et coquet dans ces roulottes qui sont munies de deux roues, faisant en sorte qu’elles peuvent être déplacées d’un lieu à l’autre. Mais la réalité des gitans est difficile et ces petites habitations sont pour la plupart sont en mauvais état. Cependant, elles sont de plus en plus convoitées en Europe, entre autres par les vacanciers et les propriétaires d’auberges», a pu constater Maryse Roy.
Une tradition inédite en Amérique
Le couple a fait des recherches afin de réunir d’autres photos et d’en connaître un peu plus sur ces petites habitations de bois aux dimensions rectangulaires qui présentent pour la plupart une caractéristique similaire : la courbe du toit. Du côté de l’Amérique, leurs recherches n’a décelé aucun marché consacré à ce style d’habitation. Les fabricants de roulottes, tant au Canada qu’aux États-Unis, offrent des concepts adaptés aux longues distances avec pour principaux matériaux l’acier et l’aluminium auxquels se greffent les polymères et composés de plastique. Du côté de l’Europe, l’engouement pour les roulottes de romanichels a incité des fabricants à offrir des répliques conformes.
Aux Etats-Unis, la tradition repose principalement sur le Air Stream avec sa coque en aluminium et ses formes ovales. Guy Lemieux note qu’en Europe, c’est à partir de 1400 que la caravane utiliser à la fois pou se loger et se déplacer est apparue en Europe. Ce type d’habitation est encore aujourd’hui associés au mode de vie nomade des gitans, mais cette tradition veille de plusieurs siècles est en déclin. En Amérique, la caravane a pris l’allure des «wagons» dans lesquels les pionniers ont franchi l’Ouest, mais la tradition de ce mode de transport tiré par des bêtes a cédé les pas durant le dernier siècle à des concepts adaptés aux véhicules motorisés et aux grands réseaux routiers.
Si la traditionnelle caravane de bois demeure encore présente en Europe, Guy Lemieux et Maryse Roy affirment n’avoir rien vu de semblable aux Etats-Unis. Ils se sont donc tournés vers ce qui se fait de mieux en Europe au chapitre de la qualité et de la ressemblance, convaincus que la roulotte des gitans a tout ce qu’il faut pour attirer l’attention de celles et ceux qui ont «l’âme romantique», mais surtout une propension pour le petit chalet de bois.
«Notre concept n’est pas axé sur celui de la roulotte avec laquelle on roule ici et là, parfois pour de longs trajets. Elle est plutôt faite pour être transporté occasionnellement à un endroit précis, comme un terrain en campagne ou au bord de l’eau, un camping ou même l’arrière de la maison. Elle peut aussi servir de kiosque, boutique, lieu d’hébergement ou pour diverses utilisations. Ce dont nous avons déterminé dès le départ, c’est l’emploi de diverses essences de bois autant pour l’extérieur que l’intérieur et l’isolation qui permet d’habiter la roulotte durant la saison froide. Pour ce faire, chaque version dispose de plinthes électriques, de fenêtres et porte avec double vitrage et d’un panneau 120/240 volts de 100 ampères qui doit être reliée à un système d’alimentation électrique. Afin de faciliter son transport, notre roulotte est directement fixée à une remorque dotée d’un essieu central, ce qui évite le problème de transport de la traditionnelle roulotte européenne avec ses grandes roues disposées vers l’avant», précise Guy Lemieux.
«Made in Windsor»
Une fois les critères établis, le couple a pu dénicher un espace adéquat pour fabriquer «la» première roulotte Tango. C’est dans l’ancienne manufacture de textile situé sur la rue Watopeka que Guy, avec l’aide Maryse, de parents et d’amis, s’est attelé à la tâche. Sur cette période et aussi pour celle qui s’amorce maintenant, le couple a été agréablement surpris par l’amabilité et l’entraide dont font preuve les gens de Windsor et de la région. «Cela fait seulement deux ans que nous sommes à Windsor, mais c’est plaisant de sentir l’ambiance qui règne ici. Beaucoup de personnes se sont intéressées à notre projet et plusieurs d’entre elles n’ont pas hésité à nous offrir leur aide à certains moments», retient Maryse Roy.
C’est ainsi qu’au fil des derniers mois, l’aspect et les couleurs de la roulotte se sont dessinés progressivement. Maintenant achevé, le prototype est long de 24 pieds et large de 102 pouces. La hauteur à partir du sol est de 138 pouces et de 92 pouces à l’intérieur. L’avant est pourvu d’une galerie de 9 pieds et d’un escalier qui sont tous deux escamotables. Le poids initial est de 4500 kilos, ce qui exige pour le transport l’utilisation d’une camionnette ou d’un véhicule pourvu d’une cylindrée et d’une suspension adéquates. Sur une échelle de prix allant de 45 000 à 85 000 $, trois versions de la roulotte de bois Tango seront disponibles. La version de base offre la finition intérieure avec système électrique, mais sans aménagement. La version aménagée comprend une salle de bain, une chambre et une cuisine équipée d’un réfrigérateur et d’une plaque chauffante. La version clé en main est aménagée, meublée et soigneusement décorée. Maryse Roy a d’ailleurs participé de près à cette version, laissant éclore ses talents pour la décoration.
C’est d’ailleurs la version clé en main qui va bientôt quitter Windsor en direction de Québec. Maryse et Guy avouent qu’ils sont un peu beaucoup «sur le gros nerf», mais la fébrilité est aussi accompagnée par l’impression d’avoir en main la clé d’un succès. En fait, pour ceux et celles qui ont eu l’occasion de la voir de près ou en photo, la roulotte provoque des réactions et de nombreux commentaires positifs. Si les roulottes sont populaires au Québec, les petits chalets ont encore la cote. Il faudra voir ce qui résultera de l’accueil qui sera réservée lors des deux salons et de la façon que les deux entrepreneurs joueront leurs cartes. Mais à bien y voir autant qu’à espérer, il est possible d’imaginer un de ses soirs de pleine lune où le couple fêtera son succès en dansant un tango devant leur petit chalet...
Le prototype est basé au départ sur la traditionnelle roulotte des gitans. Les meilleurs modèles offerts par les constructeurs européens ont aussi été retenus afin d’amalgamer avec justesse les techniques modernes et l’utilisation des matériaux. À ce chapitre, Guy Lemieux et Maryse Roy ont privilégié les matériaux et accessoires provenant de l’Estrie et autres régions du Québec.
La version clé en main offre un intérieur où les textures et les tons accentuent le contexte chaleureux et intime, évoquant par les couleurs et la luminosité des contrastes qui animent les reliefs d’une longue tradition. La qualité de l’équipement et des matériaux s’amalgame bien au décor.