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15 mars 2022 - 04:00

La psychologie derrière la désinformation

Nous sommes nombreux actuellement à nous questionner sur la désinformation. Mais, qu’est-ce donc que la désinformation ? Et pourquoi tant de personnes y adhèrent-elles ? D’abord, sachez que les réponses ne sont pas si simples qu’il n’y paraît et que nous sommes tous vulnérables à la fausse information.

En effet, une étude réalisée en 2018 dans le contexte des élections américaines a démontré que 90 % des individus qui avaient accepté de participer à la recherche se disaient capables de détecter une fausse nouvelle. Pourtant, les résultats ont montré que les personnes les plus confiantes de ce groupe se sont avérées les moins bonnes pour les détecter. 

Plusieurs recherches démontrent en effet que nous avons naturellement tendance à croire ce qui confirme nos allégeances idéologiques, nos croyances et nos valeurs. Nous le sommes d’autant plus quand le message vient d’une personne ou d’un groupe auxquels nous sommes très attachés. Nous aurons alors tendance à croire cette personne sans vérifier ses affirmations. Les hommes politiques et les publicistes l’ont bien compris ! 

En effet, rien n’est plus efficace que ce (mal)heureux mélange entre le propagandiste et l’individu qui veut croire ; celui qui veut faire croire afin d’accroître le pouvoir de son idéologie, et l’autre qui a besoin de croire pour donner un sens à ses idées, à ses émotions ou encore au vide qui l’habite.

C’est le biais cognitif de confirmation. Nous sommes tous plus vulnérables à une fausse nouvelle qui correspond à nos croyances. Le propagandiste n’a alors qu’à cibler un groupe précis pour propager ses croyances, à adapter son langage, puis à faire confiance au principe de contagion. Nous l’avons vu cette année alors que des groupes d’extrême droite ont commencé à cibler des personnes, pourtant plus à gauche, qui s’intéressent aux médecines alternatives et au développement personnel afin de les inciter à ne pas se faire vacciner.

Nous voyons aujourd’hui des centaines, voire des milliers, d’informations chaque jour sur le Net. Vérifier chacune de ces informations et porter attention au contenu de la nouvelle exige du temps et de l’attention. Des messages simples, sans ambiguïtés, comportant des titres chocs, sont alors plus faciles à propager. Ces messages font l’apologie d’opinions, d’anecdotes et de croyances qui confortent celui qui y adhère. Un message complexe avec divers éléments demande une plus grande attention et, quand nous n’avons que quelques minutes par-ci, par-là pour nous informer, il est plus facile d’aller vers un message simple et percutant, même s’il est faux. 

La technique de distorsion est aussi fortement utilisée dans la manipulation du message. Comme elle utilise des éléments à la base vrais pour persuader l’autre et que le message est répété sous divers angles, l’illusion de vérité est d’autant plus envoûtante. Cette technique a été abondamment utilisée au cours des derniers mois. En nous disant que le gouvernement veut nous contrôler en instaurant des mesures sanitaires, les adeptes de cette idée simplifient le réel tout en y maintenant des éléments tangibles. Voilà l’exemple d’un message simple, sans ambiguïtés, qui dit quelque chose de vrai, mais pas tout à fait, et qui occulte le contexte et la complexité de cette réalité.

Tous les lecteurs d’informations alternatives ne deviennent pas des complotistes. Comme toutes les personnes qui croient en Dieu ne sont pas toutes contre la science. Pour évaluer la dangerosité des éléments sectaires d’une croyance religieuse, ésotérique ou politique, c’est la rupture avec le monde réel qui deviendra l’élément le plus important à évaluer.

Des indices peuvent nous aiguiller lorsque nous choisissons notre information. Soyons particulièrement méfiants vis-à-vis des messages qui généralisent : par exemple, les politiciens sont tous les mêmes. Portez attention à la confusion des mots. Une croyance n’est pas une valeur, une occupation n’est pas une manifestation, un câlin n’est pas une preuve d’amour et une opinion n’est pas une intuition. 

Gare aussi aux messages qui nous font sentir différents, qui nous donnent le sentiment de connaître quelque chose que les autres ne connaissent pas, faisant de nous quelqu’un de spécial. Attention aussi aux messages qui suscitent peur, colère et insécurité, qui vous éloignent du monde réel (n’écoutez pas les médias ni le gouvernement), ou ceux qui justifient la violence, inversant l’agresseur et la victime en se basant sur des croyances.

Un message sectaire ou complotiste vous fera douter de ce que vous pouvez tangiblement voir. Personne n’est à l’abri des fausses nouvelles ! Nous en lisons probablement tous au cours d’une semaine. À une époque où nous avons accès à tant d’informations et de culture, nous avons cependant le devoir et la responsabilité de vérifier nos sources et leur crédibilité, et de nous assurer d’un discours nuancé qui tient compte du réel.

 

Texte par Line Lacaille, psychothérapeute et travailleuse sociale

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