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24 mai 2020 - 04:00

Lettre ouverte de Sylvie Berthaud

« Pour m’éviter de mourir, on me prive de la vie »

Ce commentaire d’un aîné, cité lors d’une conférence récente de l’AQSP (Association québécoise pour les Soins Palliatifs), révèle l’ampleur des répercussions de l’isolement social imposé depuis 2 mois. Il a aussi été signalé une augmentation de 25 % des suicides, depuis les mesures drastiques de confinement, alors que la détresse psychologique des aînés se traduisait déjà au Québec par 140 suicides par an. 

Une étude sur les centenaires révélait que la longévité exceptionnelle de certaines régions du monde est corrélée à un tissu social fort. Quand les capacités physiques de nos vieux déclinent, c’est dans la beauté et dans la force des liens humains que réside le goût de vivre. 

90 % des décès liés à la COVID-19, concerne des gens de plus de 70 ans pour la plupart atteints d’une ou de plusieurs autres morbidités. Une grande partie de cette mortalité est due à l’anémie du système de santé et de soins aux personnes âgées. Depuis le « virage ambulatoire » en 1995, sans la contrepartie promise d’une véritable augmentation de l’aide et des soins à domicile (qui n’était que promesse de politiciens), le « dérapage amputatoire » s’est poursuivi. 

Le système de santé s’est terriblement détérioré au Québec par choix politique, rendant intenables les conditions de travail auprès de nos personnes vulnérables. Malgré tout le dévouement du personnel, tant les infirmières que les préposées aux bénéficiaires réclament depuis de nombreuses années des améliorations de ce milieu de travail déshumanisé, sans soulever la moindre considération des élu(e)s des 3 partis ayant été au pouvoir depuis 25 ans ! 

Cette pandémie économiste, basée sur la compétition, provoque des millions de morts chaque année dans le monde : malnutrition et eau contaminée, pollution et pesticides, gaspillage de la nourriture et malbouffe dégénérative, effets secondaires de médicaments… reflètent les décisions politiques internationales. Les poisons de l’Ancien Monde affectent notre système immunitaire, et la difficulté à trouver du sens à cette organisation irrespectueuse de la vie abîme notre santé en nous privant de la joie. Or, il n’y a pas d’amour sans joie et… pas de vie sans amour ! Le Nouveau Monde devra évincer la compétition pour se rebâtir sur la collaboration, à toutes les échelles. 

Ce n’est pas à nous de vivre comme des robots ; c’est le système qui doit s’humaniser. 

Sylvie Berthaud

13 mai 2020

Bénévole pour le Mouvement Albatros : accompagnement des personnes en fin de vie

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