Richmond – Le lundi 28 octobre dernier, la soirée d'information concernant le déménagement du Centre d'art de Richmond a commencé d'une façon très insultante : deux policiers et deux gardes privés étaient là pour accueillir le public. Il était interdit de filmer ou de prendre des photos. « Bizarre pour une séance publique… a retenu la fondatrice du Centre d’art ».
L'assemblée générale qui précédait la séance publique ne s'est pas mieux déroulée. « On nous a informé que les élèves ou les parents présents n'auraient pas droit de vote et qu'on refusait l’entrée aux gens qui attendaient pour acheter leur carte de membre. D'ailleurs, le formulaire d’adhésion ne comprend ni numéro de téléphone, ni courriel pour aviser qu’une demande a été acceptée. On nous a dit que les candidatures seraient évaluées par le CA du mois de novembre et, si elles sont acceptées, demeureraient valides jusqu’en juin. Autrement dit, les membres ne pourront jamais voter à l’assemblée générale qui a toujours lieu au mois d’octobre. Tout a été fait, donc, pour empêcher l’accès au vote. Comment ne pas se sentir floués et trahis? Comment ne pas réagir devant autant d'opacité? ».
Finalement, Mme Comeau Charland et Dominic Fontaine-Lasnier, porte-parole du mouvement citoyen Pour le centre d’art du Couvent, qu'est-il ressorti de la soirée d'information qui a suivi? « Après une longue présentation où chacun des administrateurs a fait étalage de ses compétences, on nous a montré un chiffrier sur l'évolution des revenus et dépenses des 10 dernières années, et longuement expliqué la difficulté de payer un salaire convenable pour stabiliser le poste de direction. Un exposé sur l’importance des revenus générés par les humoristes a complété les explications sur le pourquoi du projet. Sur le comment, la seule information fournie fut celle du nom des bailleurs de fonds, membres du CA que l’on connaissait déjà. Rien sur le plan d'affaires, ni étude de marché ou montage financier, rien pour rassurer qui que ce soit au niveau de l'endettement considérable qui résultera de ce projet, ni sur la façon de le rembourser ».
Quant aux questions les plus importantes, personne n'a répondu constate Jeannette Comeau Charland. « Envers qui vous sentez-vous redevables? Pour qui faites-vous cela? » La réponse la plus évidente est : pour eux-mêmes. Ils prennent possession du Centre d'art comme d'un objet qui leur appartiendrait déjà. Ils sont décidés à gérer cet héritage collectif en fonction de leurs valeurs à eux, de leurs besoins à eux. D’ailleurs aucun administrateur ne s’est excusé d’avoir choqué la population. Leur ambition est de réaliser un nouveau projet, quitte à tout bousculer. Tant pis pour l’acceptabilité sociale! S’il est vrai que la nouvelle équipe est si compétente, au lieu de s’affaiblir en s’extrayant d’un riche milieu de vie, pourquoi ne propose-t-elle rien pour contribuer au développement du Centre d’art au Couvent comme la communauté le lui demande? ».
« Ces gens ont beau être qualifiés, leur connaissance de notre milieu et de notre histoire est fort limitée. Le Centre d'art est devenu ce qu'il est, est rendu là où il est, parce que la population s'est impliquée depuis 37 ans. Aujourd’hui, on veut nous déposséder de ce qui nous appartient en s'appuyant sur des règlements généraux mal ficelés. Comment rester les bras croisés face à une telle prise de contrôle? Les citoyens du grand Richmond sont des gens impliqués dans leur communauté, des gens d'entraide, des gens qui respectent leur patrimoine et surtout, des gens de mémoire. Un sentiment d'appartenance, ça ne se déménage pas », de conclure Mme Comeau Charland.