Si on regarde comment les recenseurs unilingues anglophones ont orthographié les noms de famille français de l’Île du Prince-Édouard en 1798, il n’y aura plus à s’étonner des noms de famille méconnaissables qu’on découvrira par la suite. Le nom Blaquière a été orthographié de cinquante-neuf façons différentes depuis cette époque incluant Blaguedeguerre. Louis Blaquière, identifié en 1798 comme Lewi Blakair, est venu de Miquelon en 1796 avec toute sa famille pour s’installer à Rustico, Île du Prince-Édouard. Les recenseurs anglais nous apprennent aussi son surnom enfantin Néné, transcrit phonétiquement Nini, soit « naille-naille » en anglais. Louis Blaquière dit Nini était fils du soldat français Louis Blaquière dit Le Merle, premier Blaquière arrivé en Nouvelle-France, à Louisbourg, en 1750.
Le surnom Nini ajouté par les recenseurs de Rustico a pris son sens à force de le faire tourner et retourner sur le bout de la langue puis en le prononçant aussi à l’anglaise. De la même façon, on a pu retracer un acte de mariage Blaquière introuvable à Bloomfield Île du Prince-Édouard. En prenant le temps de prononcer Blaquière de façon répétitive et bien articulée devant quelques personnes en conversation sur le préau de l’église, on pouvait les entendre répéter Blatière avec l’accent local. Effectivement l’acte recherché a été retracé plus loin dans l’index alphabétique du registre paroissial sous Blatière.
Comment les recenseurs anglophones entendaient-ils autrefois les noms français qu’on leur donnait verbalement sans les épeler et comment les écrivaient-ils ? À ce moment-là, la majorité de nos ancêtres ne savaient ni lire, ni écrire. Cette construction phonétique des noms de famille français a traversé plusieurs générations de personnes et, plus récemment, on a fini par savoir lire et découvrir la diversité orthographique des mêmes noms de famille. Aucun nom de la même famille n’est mieux orthographié qu’un autre. On peut cependant se fier à la racine étymologique du nom pour normaliser une certaine façon de l’écrire. Malgré ses cinquante-neuf versions phonétiques, Blaquière est la graphie la plus ancienne de ce nom de famille et la plus répandue dans le monde. Au 16è siècle, on pouvait vivre dans une blaquière, mot occitan pour désigner un lieu entouré de chênes. Il faut toujours tenir compte des particularités phonétiques et linguistiques dans toutes les recherches généalogiques que nous effectuons quelles que soient les noms des familles recherchées.
Françoise Rozoty n’était pas une Italienne. C’était Françoise-Rose Otis 1677-1729, une Anglaise de Boston adoptée en bas âge par les Abénaquis, laquelle était l’ancêtre de plusieurs familles Potvin (Poitevin) du Québec. Le saviez-vous ?
1 Une lettre fut ainsi adressée à mon père : Monsieur Victor Blaguedeguerre.
2 Néné pour aîné de la famille, compris « naille-naille » par les recenseurs unilingues anglophones.