Richmond (MB) – Depuis la fin de l’été, les gens passant sur la rue Gouin à Richmond ont peut-être remarqué la transformation progressive du tronc d’arbre de la propriété située au coin des rues Gouin et King. Pour Nancy Davies et Luc Dandurand qui habitent l’endroit depuis plus de vingt ans, c’était un « cadeau du ciel ». « Nous avons toujours apprécié l’immense érable qui était devant la maison mais il était de plus en plus mal en point. Il y a une dizaine d’années, quand une branche est tombée sur la rue, nous n’avons eu d’autre choix que de le couper, mais nous avions préservé le tronc. »
C’est Marc Chartrand, un sculpteur originaire de Mason en Outaouais, qui, quelques temps après être déménagé dans une maison voisine, est venu leur proposer de transformer le tronc d’arbre en sculpture inédite. « Ça me fatiguait de voir ça, c’est comme si l’arbre m’appelait ».
Environ 75 heures auront été nécessaires pour effectuer cet ouvrage qui ne peut être saisi en un seul coup d’œil. Il s’agit de la neuvième sculpture du genre que Marc Chartrand réalise. « Le travail débute avec la scie à chaine pour dégrossir, puis j’utilise une rectifieuse. Je devais d’abord me débarrasser de tout ce qui était pourris. Mais la majorité du travail est fait avec un ciseau à bois. » Clous, pentures, morceaux de clôtures sont autant d’objets qui ont été retrouvés dans le tronc.
Et l’inspiration pour choisir les figures variées qui recouvrent désormais l’arbre? « Moi je dis toujours qu’il s’agit d’un dialogue entre la pièce, tes outils et toi ». Le thème de l’imaginaire fantastique, regroupant lutins, personnages de mythes et de contes de fées, a souvent été privilégié par cet artiste multi-disciplinaire.
« J’ai eu la chance de toujours travailler en art toute ma vie » expliquait-il. Après une formation en Beaux-Arts à l’Université d’Ottawa, Marc Chartrand travaille comme dessinateur, fait de la peinture, des décors de théâtre, des costumes et des accessoires. Puis, il passe 20 ans de sa vie en enseignement des arts. « C’est extraordinaire de travailler avec des enfants. L’art permet d’aller les chercher, de développer des côtés d’eux-mêmes qui autrement, restent parfois cachés. »
Aujourd’hui à la retraite, il continue de créer des œuvres qui évoquent la magie et les créatures fantaisistes. Celle de la rue Gouin lui a même inspirée une légende que Nancy Davies se promet de transcrire sur un écriteau. Ceci profitera aux passants qui s’arrêtent régulièrement afin d’observer les multiples visages de la sculpture.