Il y a 29 ans, par un geste de courage spontané, un homme sauva la vie de ma fille aînée de trois ans, Évelyne. Alors que j’étais au travail et que ma petite se faisait garder par ma mère, elle s’étouffa avec un bonbon. Ma mère tenta bien de la dégager, mais sans succès. Demeurant à ce moment-là voisin de l’ancien garage Champagne, sur la rue 143 sud, maman sortit sur sa galerie pour appeler à l’aide. Un employé du garage entendit ses cris et vint lui porter secours immédiatement.

Sur le coup, je n’ai pas réalisé le drame qui s’était joué ce jour-là, car souvent, les enfants s’étouffent. Mais avec les années, à force d’entendre ma mère ou ma fille revenir sur le sujet, je compris qu’elles avaient toutes deux vécu quelque chose d’énorme, un genre de traumatisme. Je réalisai que cet homme avait sauvé mon enfant d’une mort certaine. Les secondes étaient vraiment comptées. Je me promis dès lors de faire tout mon possible pour retrouver cet homme et le remercier en personne.

Au fil des ans, je fis quelques tentatives, qui demeurèrent, hélas, infructueuses. Puis, je ne sais trop par quel hasard, des Colombo ayant certainement travaillé pour notre cause, l’automne dernier, madame Champagne téléphona à ma mère pour lui apprendre le nom de ce mystérieux sauveur. C’était monsieur Mario Beaucher, aujourd’hui copropriétaire du magasin Chaussures Pop et du Centre du Travail, situé à Greenlay.

Je décidai dès lors d’organiser une rencontre entre lui et ma fille, afin de le remercier personnellement et de lui permettre de constater tout le bon que son geste nous avait procuré. J’informai ma fille que je lui réservais une surprise. Je lui dis seulement que j’avais quelqu’un ou quelque chose à lui présenter, sans en expliquer davantage. Elle était très intriguée. Il ne restait qu’à trouver un samedi où nous pourrions nous rencontrer tous.

Cette belle rencontre eu enfin lieu le samedi 15 mars dernier. Mon mari et moi, accompagnés de notre fille, de son époux et de ses deux enfants, nous rendions au magasin de chaussures pour rencontrer monsieur Beaucher et son épouse. Je remis à celui-ci une carte qui disait près ceci :

Monsieur Beaucher,
Il y a vingt-neuf ans, vous sauviez la vie de notre fille Évelyne, victime d’un étouffement. Jamais, mon mari et moi, ne pourrons vous remercier assez d’être venu à son secours, la sauvant d’une mort certaine. Cet enfant nous comble de bonheur depuis sa naissance. Elle a toujours été facile et elle incarne aujourd’hui de très belles valeurs.

Non seulement, vous avez sauvé la vie de notre fille, mais vous avez permis à notre famille de s’agrandir de trois autres merveilleux membres jusqu’ici. Nous avons d’abord eu le bonheur de connaître Christian, notre gendre, un homme capable d’un grand don de soi, un être très aimant. Nous avons vécu la joie de les voir se marier. Ensuite, nous avons pu vivre l’énorme plaisir de devenir grands-parents, avec la venue au monde de leur fille Yvanie, une petite fille enjouée et ambitieuse, ainsi que de leur fils Clarence, un petit garçon affectueux et sensible. Et si Dieu le veut bien, un troisième enfant agrandira bientôt la famille!

Pour tout cela, nous vous disons un grandiose MERCI. Nous vous en serons éternellement reconnaissants.

Je tenais à rendre notre histoire publique, car il me semblait qu’un simple merci, c’était vraiment trop peu comme cadeau de reconnaissance. J’ai bien cherché ce que je pourrais lui offrir, mais il m’apparût clair qu’un cadeau, quel qu’il soit, ne pourrait jamais vraiment représenter l’immense gratitude que j’éprouvais à son égard. Pour cette raison, je crus bon que son entourage sache qu’il avait sauvé une vie et que nous lui en étions des plus reconnaissants. De plus, des témoignages d’histoires heureuses ou des bonnes nouvelles dans les médias, il y en a toujours trop peu. En pleine campagne électorale, cette belle histoire de reconnaissance allait changer le paysage!

Je souhaitais aussi amener les gens à réfléchir sur ce sujet : y a-t-il des mercis que vous devriez exprimer? Des gens humbles et réservés, mais accomplissant tout de même des gestes honorables, comme celui de monsieur Beaucher, il y en a certainement autour de vous ! Sachez les reconnaître à leur juste valeur!

Line Desmarais Letendre, une maman reconnaissante