Publicité

29 octobre 2009 - 15:48

Un trésor patrimonial à Saint-François Xavier

Saint-François Xavier - À l’heure où les églises ferment l’une après l’autre, s’est-on demandé si l’une d’entre elles pouvait  renfermer un trésor ?

Lisez bien ce qui vient...

Il était une fois, en 1911, une église nouvellement perchée sur le dessus d’une jolie colline au centre d’un minuscule village. Pour meubler son jubé, le curé de l’époque voulait entendre les sons majestueux d’un orgue. Le faire construire était trop onéreux pour les fidèles de ce modeste village. Y aurait-il en quelque part un orgue de « seconde main » qui pourrait faire l’affaire ?
Voilà que l'église St-Joseph dans la paroisse du même nom à Montréal,  (rue Richmond, dans le quartier de la Petite-Bourgogne) était prête à vendre son orgue qui avait été construit à Montréal en 1871 (certains disent 1866) par Monsieur Louis Mitchell* et son associé, Charles Forté.

Il fut acquis par l'entremise de la maison Casavant en 1911 pour l’installation chez-nous. 

Un délicat voyage se préparait pour transporter cet immense instrument sacré. On soupçonne que le transport a dû se faire par voie ferroviaire, de Montréal jusqu'à Richmond ou Windsor en Estrie (Cantons de l’Est à l’époque). L'instrument fut ensuite amené à St-François -Xavier en voitures, tirées par des chevaux. En plein cœur de l'hiver...vous pouvez vous imaginer comment la tâche a dû être ardue!
Ensuite, pièce par pièce, comme un gigantesque casse-tête, l’orgue a été remonté jusqu’en haut du jubé.

Une fois installé, c'est le 16 février 1911 que la paroisse procéda à la bénédiction de l`instrument par Mgr Paul-Stanislas La Rocque de Sherbrooke. 

Les archives nous dévoilent que l'orgue avait coûté 905.00$ et fut payé le 10 mars 1911.

La population des campagnes environnantes et du minuscule village vinrent s’émerveiller de ce qu’ils entendaient. Un ensemble de tuyaux sonores alimentés par une soufflerie manuelle produisaient des sons incroyables ! Ceux qui avaient eu la chance de le voir avaient aperçu une console à deux claviers avec plusieurs jeux et un grand pédalier.

À l'origine l'orgue comptait 15 jeux répartis sur 2 claviers et un pédalier.  Ce n'est quand 1984 que l'ajout des 2 jeux d'anches fût fait. Le « buffet » de l’orgue est de Style Gothique, en bois de pin du Canada et la majeure partie de la tuyauterie riche en étain et typiquement française,  est d'origine. Seules les anches du Grand Orgue (clavier du bas) et du Récit (clavier du haut) sont récentes (1984). C'est d'ailleurs pour fêter le centenaire de la paroisse en 1985 que la Fabrique  a décidé de donner un coup de fraîcheur à son magnifique instrument en ajoutant  ces 2 derniers jeux. 

On peut facilement imaginer qu’à chaque dimanche, les sons impressionnants envahissaient les murs de l’église et réconfortaient les oreilles des cultivateurs, des mamans épuisées et des commerçants. De plus, ils calmaient les enfants agités et invitaient la population à revenir méditer, que ce soient pour se réjouir pendant les cérémonies de mariage ou les supporter dans leurs prières durant les funérailles d’un être disparu.

Les années passaient et la technologie apportait une nouveauté : l’électricité permettait en effet d’activer la soufflerie automatiquement ! (est-ce avant ou après 1950 ? Nous n’avons pas de date).

À l’automne 2004, voilà que l’instrument à vent commence à manquer de souffle... Les jeux et les notes s’éteignent un à un. Les sous de la paroisse vont pour les réparations majeures comme le toit mais il n’en reste plus pour l’orgue.

Quelques jours avant Noël, les enfants de la maternelle de l’école de l’Arc-en-ciel avaient l’habitude de visiter l’église et sa belle crèche. Une maman d’un élève, madame Maryse Simard nous enseignait le fonctionnement de l’orgue, nous jouait quelques pièces et nous chantions des cantiques de Noël. Quelques fois, les parents étaient invités à venir nous écouter au jubé. Cette année-là, l’orgue ne pouvait plus nous charmer de sa musique. Il semblait abandonné... devant un tout petit clavier de rien du tout servant d’accompagnement... 

L’enseignante étant si peinée, promit à ses proches qu’arrivée à sa retraite elle aiderait la Fabrique à trouver des sous pour réparer cet orgue ancien. Et c’est ce qu’elle fit ! Au printemps 2009, elle se présente à la réunion des marguillers  pour offrir son aide afin de trouver le moyen de réparer l’orgue.

La veille de la St-Jean 2009, des experts examinent et font quelques réparations à l’orgue (changements des écrous usés par le temps, par des nouveaux) et réussissent à lui rendre les sons manquants ; mais les 17 jeux éteints demanderaient une somme incroyable ! Ces experts en réfection d’orgue, Yves Lévesque et Jacques Roussin qu’on appelle « facteurs d’orgues » nous informent que nous avons un « instrument exceptionnel » entre les mains, qu'il nous faut l'entretenir et surtout ne pas le négliger!  Selon eux, il ne reste que 3 ou 4 orgues Mitchell et Forté au Canada. L'orgue Mitchell et Forté de St-François-Xavier est d'ailleurs plus vieux que la majorité des orgues Casavant construites au pays. 

L'association de ces 2 hommes (Louis Mitchell et Charles Forté) n'a duré que 3 ans. Par contre il resterait encore une quinzaine d’orgues signées  Mitchell au pays. Mitchell était un facteur Ontarien.

Forts de cette découverte, un comité** de la « résurrection de l’orgue » se forme et organise un concert bénéfice Dimanche, le 22 novembre prochain à 19h00.

Voilà l’histoire jusqu’à aujourd’hui. Avec un trésor pareil, notre orgue doit être protégé, respecté et se perpétuer dans le temps. Nous devons nous soucier et travailler pour qu’il rehausse sa vocation initiale.

En Europe, on sait protéger le patrimoine : châteaux, églises et cathédrales sont restaurés et valorisés. Chez-nous, il nous reste nos églises et quelques orgues. Sachons développer une Fierté qui rend vivante notre histoire.

La prochaine démarche sera de faire reconnaître cet instrument de musique au registre des instruments classés de notre patrimoine culturel et religieux.

Denyse Morin, enseignante retraitée,
petite-fille de Hormidas Morin (né à St-Georges de Windsor en avril 1890 et de Mélinda Carrier, fille de Louis Carrier, née à St-François en juin 1889. Ils se sont  mariés à l’église de St-François-Xavier de Brompton le 1°septembre 1913.

+      +      +      +      +
*« Monsieur Mitchell connaît la célébrité grâce à des grands instruments de la Cathédrale de Québec (1864), de Saint-Jacques de Montréal (1867), et surtout de l'église Holy Family de Chicago (1868) où il signe un orgue de 63 jeux reconnu comme un des plus importants et des plus réussis de l'Amérique à cette époque. Ces instruments sont hélas disparus. » Wikipédia
** Bernard Langlois, Denyse Morin, Jeanne Gosselin, Maryse Simard

*   *   *   *   *

Vous êtes donc cordialement invités  à ce concert. De plus, deux chorales de la paroisse se manifesteront : la chorale paroissiale  et  la chorale de Mme Jeanne Gosselin, « Les Voix du Cœur ».

Vous pouvez vous procurer des billets au coût de 10$/adulte, 5$/étudiant, gratuit pour les enfants de 12 ans et moins au presbytère St-Philippe et auprès du comité organisateur :

Jeanne Gosselin au 845-3609, Bernard Langlois au 845-2290, Maryse Simard au 845-3420  et Denyse Morin au 845-7376

Les personnes qui veulent faire un don sont priées de faire un chèque à la Fabrique St-François.
Il faut ajouter  « en indiquant la raison : Don pour la réparation de l’orgue  à l’adresse suivante au 153 Principale, St-François-Xavier de Brompton, P. Qué. J0B 2V0. »

 

Publicité

Commentez cet article

Un ou plusieurs champs sont manquants ou invalides:





Actualités - L'Étincelle se réserve le droit de ne pas publier ou de retirer les propos diffamatoires, obscènes, ainsi que les commentaires discriminatoires, tout comme ceux incitant à la haine ou la violence. De plus, l'écriture phonétique et les messages écrits en lettres majuscules ne seront pas acceptés.

Vous souhaitez commenter cet article ? Faites-le de façon intelligente. Quoique certains internautes se croient à l’abri en publiant des commentaires et en nous donnant de faux courriels, il est très facile de les retracer. En cas de plainte pour diffamation ou menaces, Actualités - L'Étincelle collaborera avec les autorités en leur remettant les informations desdites personnes.