Publicité

20 janvier 2009 - 07:56

Diane Caron garde le cap sur l’objectif de pouvoir vivre de ses écrits

Windsor (RC) – La dernière année a été particulière autant que la précédente pour Diane Caron. C’est durant le mois de mars 2008 que son premier roman, Schéol, publié en France aux Éditions Thélès, a été distribué au Québec. Fidèle à promouvoir les écrivains de l’Estrie, la Biblairie GGC à Sherbrooke n’a pas tardé à trouver une place sur ses tablettes pour l’œuvre que la Windsoroise avait écrit dix ans plus tôt, en 1998.
Une décennie s’est écoulée depuis ce premier jet. Durant cette période, Diane Caron n’a pas cessé d’écrire tout en cognant régulièrement aux portes de maisons d’éditions québécoises. Les réponses ont été polies reprises, mais la plupart sont demeurées muettes. L’auteure eue l’idée de tenter sa chance en terre française et c’est aux Éditions Thélès à Paris que la réponse fut enfin positive.

On peut lire sur le site Internet de Thélès qu’il s’agit d’un éditeur généraliste ayant pour objectif d’offrir un choix élargi de publications selon trois principes directeurs : l’ouverture aux nouveaux auteurs, la liberté éditoriale et le respect de la liberté des auteurs. Favorisée par cette approche, c’est en 2007 que Diane Caron trouva un terrain d’entente avec la maison d’édition. C’est ainsi que Schéol se retrouva sous presse pour ensuite être distribué en sol européen durant cette même année.

De l’enfance aux réalités de la vie d’adulte
Bien que le niveau de distribution et la couverture de presse affichaient des limites modestes dès le départ, l’auteur était déjà heureuse de tenir dans les mains ce qui était jusque là un manuscrit qu’elle rêvait de voir publier. Le rêve datait de bien plus loin que la fin des années 1990 puisque à l’âge de sept ans, elle gribouillait déjà des histoires et lisait des livres qui éveillaient l’inspiration. Bien avant Schéol, c’est à 9 ans qu’elle allait écrire une petite histoire.

L’adolescence est venue puis la vie d’adulte s’est imposée avec ses réalités et le rôle de mère, ce qui l’éloigna de l’écriture et du temps pour le faire. Puis survint, vers le milieu des années 1990, le suicide d’un homme qu’elle aimait profondément et avec lequel s’annonçait une relation durable. Le choc a été pénible et la peine longue à guérir, même si Diane Caron a choisi de foncer dans sa douleur autant que de la chasser; un peu de la même façon qu’elle écrit, laissant à ses personnages le soin d’établir des pensées et des actes bien délimités.

«Cela a été une période très difficile devant laquelle j’ai réalisé ce qu’un suicide pouvait causer pour ceux qui reste. Pour celui qui meurt, c’est terminé tandis que pour celle ou celui qui subit la perte d’un amour, le deuil est amplifié par l’acte. Je ressentais la peine et le vide, mais j’étais aussi consciente de devoir vivre une telle situation à cause d’un acte qui m’apparaît égoïste. Je me suis forgée une attitude face à cela afin de pouvoir m’éloigner de ma peine et de vivre normalement», se rappelle l’auteure.

Schéol, deuil et volonté d’écrire
Même s’il a fallu beaucoup de temps pour que le deuil s’écoule, Diane Caron s’est fait une idée de cet épisode douloureux, un peu de la même manière qu’elle a de se faire une opinion bien arrêtée et prendre position sur des sujets et des faits qui composent la vie en général.     
Sur la quatrième de couverture de son premier roman, on apprend que le mot schéol désigne le séjour des morts dans la culture juive. «Pour Diane Caron, c’est là que se retrouve toute une galerie de personnages, c’est en ce lieu que résident les âmes des enfants dont on a jugé la naissance impossible. Confrontés à leurs actes et à leurs responsabilités, les parents oscillent entre culpabilité, angoisse et doute… A-t-on le droit de décider si un enfant peut naître? Et que se passe-t-il lorsque celui-ci revient hanté leurs juges?», peut-on lire à l’endos du roman.

Avec Schéol, Diane Caron se défend de prendre radicalement position face à l’avortement. «Je comprends qu’il y a des cas particuliers, mais je me suis surtout inspirée d’une amie qui fut enceinte sans le vouloir. J’ai été témoin de situations similaires qui amènent la plupart du temps des regrets et de la culpabilité. Je trouve que la vie est plus importante et que d’interrompre une grossesse est une solution facile. Je considère qu’avant d’être obligée d’en arriver là, une personne adulte doit considérer la relation et les actes qu’elle engage avec une autre personne», considère Diane Caron.
Si Schéol est la trame d’une réflexion engagée, il offre aux lecteurs des lieux et des paysages qui seront familiers à ceux qui connaissent l’Estrie et sa principale ville, Sherbrooke, évoquant certains lieux d’une époque familière à quelques générations.

D’autres projets à publier
Suite à ce premier ouvrage écrit en 1998, trois autres manuscrits se sont ajoutés, prêts à être publiés. «À l’Aube d’une nouvelle vie» a aussi été retenu par Thélès qui possèdent les droits d’édition. «Pour ce deuxième roman, je m’intéresse aux personnes âgées qui vivent en résidence. J’ai pensé à tous ceux qui gardent une joie de vivre malgré les maux et les problèmes reliés à l’âge. C’est un roman qui comporte beaucoup d’humour et de situations drôles basés sur le quotidien. Mon message est de dire aux personnes âgées d’éviter la solitude et l’apitoiement et de se tenir ensemble», précise l’auteure.

À ce deuxième manuscrit s’ajoute «Le Couloir de Morgan» qui raconte le long deuil qu’a traversé l’auteure après le suicide de son amoureux. Diane Caron est consciente que l’écriture a cédé le pas à la thérapie pour une bonne part. Pour le reste, elle témoigne de son approche personnelle face à la question du suicide, prenant position avec autant de certitudes qu’elle le fait à l’égard de l’avortement et de la vieillesse.
«J’ai d’autres projets en route dont un roman dans lequel j’évoque le souvenir Clara Eleonor Titus. Cette jeune femme a vécu dans la région au début du siècle dernier et son décès m’est apparu bizarre. Il y a aussi un projet de livres pour enfants avec des pages à colorier qui mijote», indique Diane Caron.

Pour la Windsoroise, les deux dernières années ont révélé l’atteinte d’en rêve qu’elle caressait depuis longtemps, celui d’être publiée. La possibilité du marché européen demeure vivante par le biais de sa maison d’édition. Pour 2009, Diane Caron formule à nouveau le souhait de pouvoir vivre un jour de l’écriture.

Publicité

Commentez cet article

Un ou plusieurs champs sont manquants ou invalides:





Actualités - L'Étincelle se réserve le droit de ne pas publier ou de retirer les propos diffamatoires, obscènes, ainsi que les commentaires discriminatoires, tout comme ceux incitant à la haine ou la violence. De plus, l'écriture phonétique et les messages écrits en lettres majuscules ne seront pas acceptés.

Vous souhaitez commenter cet article ? Faites-le de façon intelligente. Quoique certains internautes se croient à l’abri en publiant des commentaires et en nous donnant de faux courriels, il est très facile de les retracer. En cas de plainte pour diffamation ou menaces, Actualités - L'Étincelle collaborera avec les autorités en leur remettant les informations desdites personnes.